Honoré de Balzac : biographie d'un génie du roman français

Rédigé le 21/10/2023
Alain Couchot


 

Honoré de Balzac est l’un des plus grands écrivains français du XIXe siècle. Il est le créateur de la Comédie humaine, une œuvre monumentale qui décrit avec réalisme et profondeur les mœurs, les passions et les destins de la société de son époque. Dans cet article, nous vous proposons de découvrir la biographie d’Honoré de Balzac, son parcours, ses influences, ses œuvres et son héritage littéraire.

Une enfance solitaire et studieuse


Honoré de Balzac naît le 20 mai 1799 à Tours, sous le nom d’Honoré Balssa. Il est le fils aîné de Bernard-François Balssa, un ancien commis aux vivres de l’armée qui devient directeur des vivres à Tours, et d’Anne-Charlotte-Laure Sallambier, une jeune femme issue d’une famille de passementiers parisiens. Honoré a deux sœurs, Laure et Laurence, et deux frères, Henry et Louis.

Honoré ne reçoit pas beaucoup d’affection de la part de ses parents, qui le confient dès sa naissance à une nourrice. Il est ensuite envoyé en pension à l’âge de huit ans au collège oratorien de Vendôme, où il reste jusqu’en 1813. Il y reçoit une éducation classique, fondée sur l’étude des langues anciennes, de la rhétorique et de la philosophie. Il se distingue par son intelligence, sa mémoire et son goût pour la lecture. Il dévore les œuvres des grands auteurs français, comme Molière, Racine, Corneille ou Voltaire, mais aussi des écrivains étrangers, comme Shakespeare, Cervantès ou Walter Scott.

En 1814, la famille Balzac s’installe à Paris, où Honoré poursuit ses études au lycée Charlemagne. Il obtient son baccalauréat en droit en 1816 et s’inscrit à la faculté de droit. Mais il ne se passionne pas pour cette discipline et préfère se consacrer à sa vocation littéraire. Il commence à écrire des pièces de théâtre et des romans historiques, qu’il signe sous divers pseudonymes, comme Horace de Saint-Aubin ou Lord R’Hoone.

Une carrière littéraire difficile et prolifique


En 1819, Honoré renonce à la carrière juridique et décide de se consacrer entièrement à la littérature. Il s’installe dans une mansarde du quartier latin et se met à écrire avec acharnement. Il connaît ses premiers succès avec des romans historiques inspirés par Walter Scott, comme Le Dernier Chouan ou La Vendée (1829), qui deviendra plus tard Les Chouans. Il publie également des romans d’aventure ou fantastiques, comme La Peau de chagrin (1831), qui lui vaut la reconnaissance du public et de la critique.

Mais Honoré ne se contente pas d’écrire : il se lance aussi dans des affaires hasardeuses, comme l’édition ou l’imprimerie. Il accumule les dettes et doit fuir ses créanciers. Il adopte alors un rythme de vie effréné : il écrit la nuit, souvent sous l’effet du café, et voyage beaucoup en France et en Europe. Il multiplie aussi les liaisons amoureuses avec des femmes plus âgées que lui, comme Laure de Berny ou la marquise de Castries.

C’est à partir de 1832 qu’Honoré conçoit le projet ambitieux de rassembler ses romans sous le titre de La Comédie humaine. Il veut peindre un tableau fidèle et complet de la société française sous la Restauration et la monarchie de Juillet, en décrivant les différentes classes sociales et les individus qui les composent. Il s’inspire pour cela des travaux du naturaliste Buffon, qui avait classé les espèces animales selon leurs caractères communs. Honoré veut faire de même avec les espèces sociales, en analysant leurs mœurs, leurs passions et leurs destins.

La Comédie humaine comprend près de cent romans et nouvelles, répartis en trois grandes parties : les Études de mœurs, les Études philosophiques et les Études analytiques. Honoré y crée un univers romanesque foisonnant, peuplé de plus de deux mille personnages, qui apparaissent et réapparaissent au fil des œuvres, créant ainsi des liens entre elles. Il y aborde des thèmes variés, comme l’amour, l’argent, le pouvoir, la famille, la religion, l’art ou la politique. Il y déploie un style réaliste, précis et vivant, qui fait la part belle aux descriptions, aux dialogues et aux analyses psychologiques.

Parmi les œuvres les plus célèbres de La Comédie humaine, on peut citer :

Eugénie Grandet (1833), qui raconte le drame d’une jeune fille éprise d’un cousin ruiné et soumise à la tyrannie de son père avare.
Le Père Goriot (1835), qui met en scène le destin tragique d’un vieil homme qui se ruine pour ses filles ingrates et qui meurt dans la pension Vauquer.
Le Colonel Chabert (1835), qui narre l’histoire d’un ancien officier de Napoléon, laissé pour mort à la bataille d’Eylau, qui revient à Paris pour retrouver sa femme remariée à un homme influent.
Le Lys dans la vallée (1836), qui relate l’amour platonique et impossible entre Félix de Vandenesse, un jeune aristocrate, et Henriette de Mortsauf, une femme mariée et malheureuse.
La Rabouilleuse (1842), qui expose les rivalités entre deux frères aux caractères opposés : Philippe Bridau, un ancien soldat débauché et ambitieux, et Joseph Bridau, un peintre honnête et modeste.
Illusions perdues (1837-1843), qui suit les péripéties de Lucien de Rubempré, un jeune poète provincial qui tente de conquérir la gloire et l’amour à Paris, mais qui se heurte à la corruption du monde littéraire et mondain.
Splendeurs et misères des courtisanes (1838-1846), qui retrace les aventures de Vautrin, un ancien forçat devenu chef de la police secrète, qui cherche à faire fortune en manipulant Esther Gobseck, une courtisane au grand cœur.
La Cousine Bette (1846), qui dépeint la vengeance d’une vieille fille aigrie et jalouse, qui s’emploie à ruiner sa famille en poussant son cousin à la débauche.


Une mort prématurée et une postérité immense


Honoré de Balzac meurt le 18 août 1850 à Paris, à l’âge de 51 ans. Il succombe à une crise cardiaque, après avoir épousé quelques mois plus tôt Ewelina Hańska, une comtesse polonaise dont il était épris depuis 1832. Il laisse derrière lui une œuvre inachevée : il n’avait pas terminé La Comédie humaine, qu’il envisageait de composer de 137 romans. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise.

Honoré de Balzac est considéré comme l’un des pères du roman moderne. Il a exercé une influence considérable sur de nombreux écrivains français et étrangers, comme Flaubert, Zola, Proust, Dostoïevski ou Kafka. Il est admiré pour son génie créateur, sa puissance d’observation et sa vision lucide et critique de la société. Il est aussi reconnu comme un précurseur du réalisme et du naturalisme littéraires.